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"L'emprisonnement tel qu'il est vécu par les détenus semble un désapprentissage progressif des relations humaines ordinaires, alors qu'il devrait aboutir à forger un individu mieux armé pour affronter les difficultés de la vie. Comme s'il fallait, une fois libéré, commencer par réparer ce que la prison a cassé avant de tenter de construire une autre vie." C'est ce qu'écrivent le magistrat Serge Portelli et l'enseignante Marine Chanel dans leur ouvrage "La vie après la peine", publié en février 2014 aux éditions Grasset. Les auteurs ont interrogé quatorze anciens détenus qui "tentent de reprendre vie parmi nous". Ils constatent que "quels que soient les efforts déployés pour assurer aux sortants de prison une situation honorable, pour la majorité d'entre eux, le retour à la liberté se fait sans préparation, notamment pour les courtes peines".
« Il est nécessaire de mener une réflexion sur la manière d'instaurer une meilleure articulation entre les juridictions et les services de police et de gendarmerie afin d'assurer un contrôle efficace du respect des interdictions imposées aux personnes condamnées. » C'est ce qu'indique Jean-Claude Bouvier, vice-président chargé de l'application des peines au tribunal de grande instance de Créteil, dans une interview accordée à AEF Sécurité globale dans le cadre de la discussion prochaine du projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l'individualisation des peines (AEF Sécurité globale n°473837). « Cela demande peut-être une certaine réorganisation au sein des commissariats, mais également de nos services, pour qu'il puisse y avoir des personnes référentes, capables de centraliser et de traiter les informations concernant ces obligations et interdictions et de les diffuser ensuite auprès des forces de l'ordre sur le terrain. C'est un chantier qui est extrêmement important », souligne-t-il.
« Nous pourrions imaginer qu'au sein de la police et de la gendarmerie, la question des sorties de délinquance soit présentée comme une des finalités d'intervention, ce qui pousserait à s'interroger sur les modalités d'intervention en amont. » C'est ce qu'affirme Marwan Mohammed, sociologue chargé de recherche au CNRS, lors de son audition par la mission d'information sur la lutte contre l'insécurité sur tout le territoire, de l'Assemblée nationale, mercredi 4 décembre 2013. Il précise que « la décision judiciaire doit également prendre en compte cet enjeu de sortie de délinquance ». Selon Marwan Mohammed, « la sortie de délinquance est un impensé. On ne s'est jamais donné les moyens d'aller observer ce qui se passait pour les sortants, qui sont pourtant majoritaires ». Le sociologue décrit également le « phénomène des bandes » (AEF Sécurité globale n°214945).
Le projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l'individualisation des peines prévoit « d'élargir les prérogatives de la police et de la gendarmerie dans le contrôle du respect des interdictions et obligations » des personnes condamnées, affirme la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Elle s'exprimait à la suite de la présentation du texte en conseil des ministres, mercredi 9 octobre 2013. « Les conditions dans lesquelles la police judiciaire peut procéder [à des] mesures de retenue ou de visites domiciliaires en cas de violation des interdictions sont clarifiées et les informations devant figurer sur les obligations et interdictions dans le fichier des personnes recherchées sont étendues », précise la Chancellerie. Christiane Taubira rappelle en outre la création de « 1 000 postes supplémentaires » pour les Spip en 2014 et décrit le fonctionnement de la contrainte pénale.
« Les dispositifs de prévention de la récidive doivent être individualisés, pour identifier les besoins et cibler les facteurs de risque. Ces dispositifs doivent s'intéresser à des dimensions variées et préconiser des partenariats entre différents acteurs : direction des établissements, Spip, personnels de santé. Ils doivent être entamés avant la sortie et maintenus après la remise en liberté », explique Lila Kazemian, criminologue, professeure associée au département de sociologie du John Jay College of Criminal Justice (New York). Elle s'exprimait lors de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive, jeudi 14 février 2013 (AEF Sécurité globale n°196216). « Il faut saisir les informations sur l'expérience carcérale, l'adaptation personnelle et sociale avant la sortie pour identifier les obstacles qui risquent de nuire au retour en milieu ouvert. »