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« Au-delà de l'ambition numérique à l'école » affichée par le ministère de l'Éducation nationale, les éditeurs attendent de l'État une « récurrence budgétaire » afin de « prévoir leurs plans d'investissement à trois ou cinq ans », indique Michèle Barrière, présidente du Gedem (groupement éditeurs, éditeurs multimédia, diffuseurs multimédia), le 20 novembre 2013 lors du salon Educatec-Educatice. Elle souligne l'importance de doter les établissements scolaires pour l'acquisition de ressources numériques. Un « dialogue » est en cours avec les communes « pour trouver le modèle économique d'acquisition globale » de contenus et de matériels multimédias, signale Guillaume Scottez, directeur du numérique éducatif chez Hachette Livre et directeur du KNE (Kiosque numérique de l'éducation).
Si une « grande majorité » des manuels numériques achetés s'ajoutent aux manuels papier, « de plus en plus de collectivités territoriales et d'établissements scolaires, notamment privés, s'inscrivent dans une logique de tout numérique », indique à AEF le 5 septembre 2013 Guillaume Scottez, directeur du numérique éducatif chez Hachette Livre et responsable du KNE (Kiosque numérique de l'éducation). Le secteur de l'édition numérique connaît ainsi plusieurs évolutions, au niveau de la demande ainsi que des manuels eux-mêmes qui sont maintenant proposés sous format « multisupports » en particulier pour une utilisation sur tablettes numériques. Les enseignants se voient également proposer des « outils de personnalisation » pour mieux s'approprier les manuels.
« En France, l'école du numérique reste à inventer », estime Gilles Babinet, entrepreneur dans le domaine du numérique et premier président du Conseil national du numérique (1), dans un rapport publié par l'institut Montaigne en février 2013, intitulé « Pour un 'New deal' numérique ». Selon l'auteur du document, « alors que dans certains pays les élèves se familiarisent dès leur plus jeune âge à l'informatique, l'Éducation nationale française s'est longtemps caractérisée par son absence de stratégie dans ce domaine, se limitant tout au plus à encourager l'équipement informatique sans envisager une refonte des méthodes pédagogiques autour du numérique ». Ainsi, analyse Gilles Babinet, « le débat s'est longtemps focalisé inutilement sur des enjeux d'équipements numériques, au détriment de la refondation du protocole pédagogique ».
« Les éditeurs scolaires français ont pris conscience que leur modèle économique ne tiendra plus que quelques années ; ce ne sera pas avant 4 ans mais le basculement sera violent car c'est l'État qui orchestrera le changement » vers le numérique, estime le 26 avril 2012 pour AEF François-Xavier Hussherr, fondateur de Gutenberg technology, une entreprise française de technologie et d'édition de livres papier et numériques basée à Paris et New York, et fondateur de l'éditeur Lelivrescolaire.fr. Il fait le pari du numérique pour l'édition, scolaire notamment, et propose une technologie permettant à partir d'un unique support de saisie de concevoir un livre aussi bien manuscrit que sur tablette numérique, smartphone, etc.
Les technologies de tablettes numériques « sont encore relativement immatures, leur maturité arrivera dans les trois à quatre ans qui viennent », constate le consultant informatique Olivier Ezratty, lors d'un colloque organisé par le ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, le 9 février 2011 à Paris. Partageant ses impressions sur le dernier Consumer electronic show de Las Vegas de janvier dernier, il souligne que habituellement « les produits informatiques sont généralement utilisés pour consommer, communiquer, créer », autant de caractéristiques qu' « on retrouve dans la classe » (consommer les livres, communiquer entre élèves et enseignants, créer). Mais avec les tablettes comme l'iPad d'Apple, « la dimension de création » est mise de côté : « il n'y a pas de problème pour accéder aux boutiques en ligne, aux réseaux sociaux », mais les choses sont plus compliquées pour créer car « avec le doigt on peut vaguement dessiner, et le clavier permet de saisir du texte très court pas plus ».