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Une délégation de la CFDT conduite par François Chérèque a été reçue pendant plus de deux heures ce vendredi 21 mai 2010 par le ministre du Travail Éric Woerth. A l'issue de cette rencontre, le secrétaire général a refusé de confirmer le propos de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, selon lequel le gouvernement aurait déjà pris la décision de relever l'âge de départ à la retraite actuellement fixé à 60 ans. Ce qui est vrai, a expliqué en substance le numéro un de la CFDT, c'est que « tous les documents de travail et la tonalité des discussions donnent à penser qu'une mesure de ce type pourrait être prise ». Dans ces conditions, la mobilisation du 27 mai apparaît à la CFDT comme « le dernier moyen de pression possible » pour dissuader le gouvernement d'aller dans cette direction. Le ministre du Travail, surfant quant à lui sur le propos de Dominique Strauss-Kahn, sur France 2, la veille au soir, sur la nécessité d'ajuster les paramètres de durée du travail au temps laissé pour la retraite, a simplement rappelé qu'« on s'oriente vers un allongement de la vie au travail et qu'il n'y a que deux manettes possibles : l'allongement de la durée de la cotisation et l'âge de départ. On verra à l'issue de la concertation ce qu'il convient de faire », a laconiquement conclut le ministre.
Tout le monde affirme la main sur le coeur qu'il faut faire assaut de pédagogie sur la question des retraites. A juste titre et l'on pourrait penser que l'avalanche de documents d'orientations, rapports et autres notes d'information de la semaine écoulée a précisément pour objectif d'éclairer les Français sur une question qui les concerne au premier chef. Les uns comme cotisants. Les autres comme pensionnés. Or, ce n'est pas le cas : les dernières enquêtes d'opinion montrent que les Français se sentent moins bien informés sur leur retraite qu'il y a sept ans quand on discutait de la réforme Fillon. C'est tout de même un comble quand on sait que cette réforme a introduit un droit à l'information des assurés (article 10 de la loi du 21 août 2003). Mais surtout, les Français se sentent perdus dans la surabondance d'informations de ces derniers jours et désorientés entre le flou des propositions avancées par les uns et la volonté de dramatisation des autres. Le résultat le plus évident, note un responsable des ressources humaines, c'est qu'on sent « une crispation des Français sur leurs acquis », raidissement d'autant plus évident que les perspectives économiques ne laissent augurer aucune amélioration sur le front de l'emploi dans les prochains mois. Dans un tel contexte, les mesures d'âge sont particulièrement mal perçues. Il en va notamment ainsi pour le tabou de la retraite à 60 ans auxquels les Français paraissent plus attachés qu'on ne le pensait et peut-être même qu'ils ne l'étaient il y a seulement trois mois.
La Mecss (mission d'évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale) du Sénat qui a auditionné depuis le mois de janvier 2010 experts, partenaires sociaux et gestionnaires des principaux régimes, publie ce jeudi 20 mai 2010 un rapport d'environ 160 pages, présenté par le sénateur Alain Vasselle (UMP, Oise) et ses rapporteurs Christiane Demontès (socialiste, Rhône) et Dominique Leclerc (UMP, Indre-et-Loire). Il conclut à la nécessité de procéder en deux temps : d'une part, prendre des mesures d'urgence pour faire face à l'ampleur des déficits, d'autre part aller progressivement vers la généralisation de systèmes par points sur le modèle préconisé par la CFDT.
Dans un long communiqué, Éric Woerth réagit aux propositions du Parti socialiste sur une réforme des retraites en estimant d'abord que les mesures préconisées constituent globalement une taxe sur le travail, mais qu'elles pénaliseront aussi les petits épargnants et les classes moyennes. De son côté, le Premier ministre François Fillon a profité de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale et d'une question du député socialiste Jean-Louis Bianco pour se féliciter que le Parti socialiste cale ses propositions sur les travaux du COR, ce qui revient à reconnaître que ses travaux n'ont « rien d'alarmistes » comme le disait jusqu'ici le PS. Toutefois, le Premier ministre déplore que les socialistes n'aillent pas au bout du raisonnement en refusant par exemple d'accepter le principe d' « un allongement de la durée du travail proportionnel à l'allongement de la durée de la vie », ce qui est une autre proposition du COR.
Renforcer l'équité, travailler plus longtemps, travailler mieux tout au long de la vie et compléter les régimes de base en favorisant l'accès à l'épargne retraite. Tels sont les quatre grandes orientations mises en avant dans le rapport d'étape du groupe de travail des députés UMP et Nouveau centre rendu public aujourd'hui, mercredi 19 mai 2010, aux lendemains de la présentation des propositions du Parti socialiste sur le sujet (AEF n°268656). Au titre des mesures visant à « travailler plus longtemps », les députés de la majorité préconisent de « relever progressivement l'âge minimum de départ en retraite » et d' « augmenter par étape la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein » à raison d'un mois de cotisation supplémentaire par an jusqu'en 2029 à compter de 2012. L'allongement de la durée d'activité est une « donnée partagée par tous les pays occidentaux, et qui peut être acceptée par les Français comme elle l'a été ailleurs » souligne le document d'une dizaine de pages. C'est aussi « un élément clef de cette réforme », assure le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé qui estime que les propositions socialistes sur ce dossier ne sont « pas responsables » ni « crédibles ».
A l'issue de son bureau national, ce mardi 18 mai, les dirigeants socialistes ont adopté à l'unanimité moins trois abstentions un document qui vise à répondre aux besoins de financement du système de retraite tels qu'ils ont été évalués par le Conseil d'orientation des retraites, soit 45 milliards d'euros en 2025. Le PS y ajoute 5 milliards pour financer la pénibilité, soit un total de 50 milliards d'euros. La première secrétaire, Martine Aubry, a opposé le sérieux et la précision des propositions du PS, préparées, a-t-elle précisé « à coup de nombreuses rencontres avec les syndicats et le concours d'économistes », au « caractère flou du document d'orientation » présenté dimanche par le gouvernement. Elle a, par ailleurs, dénoncé « le simulacre de concertation » menée par le ministre du Travail, Éric Woerth, qui a-t-elle poursuivi, « n'a rien de concret à proposer à ses interlocuteurs ».
A dix jours d'une nouvelle mobilisation, le 27 mai 2010, sur la question des retraites, les syndicats se trouvent quelque peu en porte-à-faux pour réagir face au document d'orientation du gouvernement. D'un côté, ce texte abonde dans leur sens quand il met en bonne place l'appel à une contribution sur les hauts revenus et sur les revenus du capital qui correspond d'autant plus à leurs souhaits que cette contribution ne serait pas prise en compte dans le bouclier fiscal. De l'autre, pourtant, ils sont bousculés par un discours public qui fait reposer les difficultés actuelles pour l'essentiel sur la situation démographique, donc qui appelle des réponses passant notamment pas des mesures d'âge. Ce n'est pas le point de vue des syndicats qui contestent tous le principe d'un nouvel allongement de la durée de cotisation, et davantage encore un relèvement de l'âge légal de départ en retraite qui n'apparaît cependant pas clairement à l'ordre du jour dans le document des pouvoirs publics. La CGT-FO, reçue ce mardi 18 mai par le ministre du Travail Éric Woerth, et la CGT, qui le sera mercredi, devraient préciser leurs positions par rapport à ce texte. Quant au Medef, il fera connaître sa position ce mardi matin par la voix de Laurence Parisot sa présidente qui tient son point de presse mensuel.