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« Comment expliquer le succès croissant de la vidéosurveillance malgré son efficacité limitée à lutter contre la délinquance ? », s'interroge Séverine Germain lors d'une conférence sur « l'évaluation de la vidéoprotection en France » organisée par l'université Paris-Descartes et l'Inhesj, mardi 25 janvier 2011 à Paris. La chercheuse en criminologie de l'université de Rouen a étudié l'installation de la vidéosurveillance à Lyon, Saint-Étienne et Grenoble entre 2004 et 2007, et remarque que dans chaque site, « la stabilisation du dispositif » est intervenue lorsque la vidéosurveillance « a obtenu de nouveaux soutiens que ses promoteurs initiaux », ce qui « a légitimé son emploi ».
« Notre vraie difficulté est que nous ne savons pas faire d'évaluation » en matière de vidéosurveillance, affirme Alain Bauer, lors d'une conférence sur « l'évaluation de la vidéoprotection en France » organisée par l'université Paris-Descartes et l'Inhesj, mardi 25 janvier 2011. Devant une centaine de participants, le criminologue indique que « faute d'avoir suffisamment confiance en lui, le gouvernement, quel qu'il soit, n'avait jamais voulu jusqu'à présent réaliser une étude indépendante et scientifique sur la question de la vidéo. […] Nous ne savons pas faire d'évaluation parce que ce n'est pas dans notre culture. L'évaluation nécessite un regard indépendant, mixte et qui dise des choses désagréables ». Il rappelle que l'IGA (inspection générale de l'administration) « s'est emparée du sujet en faisant une première étude » en 2005 « dont les modalités de calcul scientifique sont discutables, relatives, aléatoires, puis un deuxième document [en 2009] qui est un progrès, mais qui n'est pas encore arrivé aux meilleurs méthodes de la recherche scientifique ». En outre, la Commission nationale de vidéosurveillance a demandé au ministère de lancer une évaluation incluant des scientifiques ayant émis de fortes critiques sur la vidéosurveillance, se félicite-t-il.
« Il me semble que l'on a évolué de manière sérieuse sur le plan des idées sur la surveillance », déclare Philippe Melchior. Dans un entretien à AEF Sécurité globale, l'ancien inspecteur général de l'administration et ancien président du comité stratégique de la vidéosurveillance tire un bilan de son action depuis 2005. « Les projets sont en moyenne 40 % moins chers qu'il y a trois ans et les images fournissent quelque chose d'utilisable pour des procédures judiciaires », souligne-t-il. Il défend également le premier rapport de l'IGA (Inspection générale de l'administration) sur la vidéosurveillance : « Le rapport des inspecteurs n'est pas scientifique - on leur a donné quelques mois à peine - mais il est honnête, ses conclusions sont au-delà de la marge d'erreur et il apporte de vrais enseignements ». Selon lui, « la vidéo est encore plus efficace dans les villes petites et moyennes, même avec des dispositifs simples et moins coûteux ». De façon générale, la mise en place d'un dispositif de vidéosurveillance « doit aussi être l'occasion d'un plan qui la dépasse ». « J'ai constaté que les maires qui avaient monté des actions vertueuses de vidéosurveillance n'ont pas fait que cela », souligne Philippe Melchior, désormais à la retraite mais qui poursuit des activités de conseil dans le secteur privé.