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L'universitaire Chantal Cutajar, spécialiste du crime organisé, estime que les évolutions réglementaires européennes vont obliger la France à se doter d'une « grande agence dotée de compétences juridictionnelles et missionnée non seulement pour l'identification, mais également pour la saisie et la gestion des avoirs confisqués ». Dans un entretien à AEF Sécurité globale, elle explique que la France dispose aujourd'hui d'une « architecture duale » avec d'un côté la Piac (Plateforme d'interception des avoirs criminels) et de l'autre l'Agrasc (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels). Chantal Cutajar expose également les initiatives prises depuis 2008 par la Commission européenne pour priver les organisations criminelles de leurs avoirs. Interrogée sur l'ampleur que représentent les marchés criminels, elle répond que, selon certaines estimations, l'économie réelle et l'économie illégale seraient à parité en termes de PIB. Surtout, « il devient de plus en plus difficile de distinguer l'une de l'autre, tant la criminalité organisée a besoin de l'économie légale pour blanchir et réinvestir ses profits ». La chercheuse pointe l'incapacité des États à revoir leurs systèmes juridiques et la manière de faire des affaires.
Le crime organisé est en mutation et devient de « plus en plus varié, dans ses méthodes, ses structures ou son impact sur la société », affirme Europol dans l'OCTA (Organised Crime Threat Assessment) 2011, dévoilé mercredi 4 mai 2011. Ce rapport, publié un an sur deux, est réalisé à partir des informations des forces de police. Il a pour objectif d'aider les dirigeants à établir des priorités dans la lutte contre le crime organisé. Le « nouveau paysage criminel », dépeint dans le rapport, est marqué par des groupes plus mobiles et plus flexibles. Ils investissent différents territoires et types de criminalité, aidés par un usage illicite d'internet.
Les BRA (bureaux de recouvrement des avoirs) aident à lutter contre la criminalité organisée mais rencontrent une série de difficultés, affirme un rapport adopté par la Commission européenne, mardi 12 avril 2011. Ces bureaux, mis en place par les États membres, dépistent les avoirs acquis illégalement afin de « priver les criminels de leurs profits ». « Étant donné que les organisations criminelles opèrent sans tenir compte des frontières et acquièrent toujours plus d'avoirs dans d'autres États membres que le leur, nous devons redoubler d'efforts au sein de l'UE pour les frapper au point le plus sensible, en s'attaquant à leurs gains. » explique Cécilia Malmström, commissaire responsable des affaires intérieures.
« Face à la criminalité organisée, la diplomatie a deux types d'approches. Elle oeuvre pour la production de droit international, de résolutions aux Nations Unies. Elle met aussi en place des systèmes de coopération entre États », explique Olivier Weber, ambassadeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée lors d'une conférence organisée par l'ANAJ-IHEDN (Association nationale des auditeurs jeunes de l'Institut des hautes études de défense nationale). Il s'agit de former les représentants des appareils de l'État, les professionnels de la police et de la justice, mais aussi la société civile. « Il est extrêmement important d'intégrer les ONG, de réfléchir et d'oeuvrer en amont », ajoute-t-il .
« Nous devons nous ouvrir aux informations [sur le crime organisé et la fraude identitaire] détenues à l'extérieur du monde policier, car l'information est souvent dans les entreprises, qui sont parfois victimes, parfois complices, volontaires ou non, de ces pratiques », indique Jean-Dominique Nollet, chef de l'unité d'analyse d'Europol, jeudi 28 octobre 2010. « Il faut donc essayer de travailler davantage avec des partenariats public/privé. […] C'est dans la collaboration qu'on va pouvoir avancer, mais il y a un changement culturel à opérer en France », affirme-t-il à l'occasion du premier forum européen sur le le crime organisé et la fraude identitaire, organisé par l'association Réso-club à Paris.
Europol publie une analyse de la potentielle implication future du crime organisé dans l'approvisionnement en énergie de l'Union européenne, mardi 11 août 2010. Les analystes constatent que le crime organisé est déjà impliqué dans l'approvisionnement en énergie de l'UE et à l'intérieur de ses frontières. « Les ressources naturelles, l'environnement et la sécurité de l'Union sont désormais inextricablement liés, et cela requiert une analyse qui va au-delà des menaces habituelles », remarque Europol. L'organisation européenne élabore et commente trois scénarios potentiels dans les dix prochaines années. Ces analyses doivent permettre d'améliorer les prises de décisions stratégiques d'Europol. « En agissant comme un observatoire du crime organisé et des menaces terroristes dans l'Union, Europol souhaite utiliser cette approche innovante pour identifier d'autres menaces similaires futures », explique Rob Wainwright, directeur d'Europol. Même si, selon Europol, cette analyse « n'est pas une prédiction du futur », elle permet « de se préparer en surveillant certains indicateurs des événements décrits ».