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« Les questions de la pertinence et de l'efficacité du CV Anonyme n'ont pas de sens en soi : elles doivent être rattachées à la diversité des configurations de recrutement et des processus de sélection des candidats. ». C'est ce qu'affirme Thomas Capelier, consultant chez Amnyos Consultants, et coauteur avec Emmanuelle Marchal, chercheuse du CSO (Centre de sociologie des organisations) - Sciences Po/CNRS, du volet qualitatif de l'évaluation de l'expérimentation du CV Anonyme, réalisé à la demande de Pôle emploi.
La généralisation équitable du CV anonyme serait très contraignante. Elle nécessiterait un effort d'instrumentation coûteux, pourrait modifier en profondeur les habitudes de recrutement, être un frein à la recherche de diversité par les entreprises, ou encore à la valorisation de certaines compétences. Malgré cela, le CV anonyme peut « constituer un levier parmi tant d'autres dans la boîte à outils de la lutte contre les discriminations », notamment dans la fonction publique. Telles sont les principales conclusions du volet qualitatif de l'évaluation de l'expérimentation du CV anonyme réalisé par Thomas Capelier, consultant chez Amnyos Consultants, et Emmanuelle Marchal, chercheuse au CSO (Centre de sociologie des organisations) - Sciences Po/CNRS réalisé à la demande de Pôle emploi. Celui-ci fait suite au volet quantitatif rendu public par le Crest au mois d'avril 2011 (AEF n°244150 ). Le rapport d'évaluation, dont les conclusions se fondent sur une expérimentation dans huit départements en 2009-2010, porte notamment sur les conditions d'une utilisation du CV anonyme dans le cadre des recrutements.
« Le CV anonyme est un outil utile, mais pas suffisant. » Il constitue « l'un des outils de lutte contre les discriminations, mais il n'est pas l'outil providentiel ». C'est le jugement que porte Alain Gavand, président de l'association À compétence égale, après la publication du rapport d'évaluation du CV anonyme, réalisé par le Crest en collaboration avec Pôle emploi (AEF n°244150). Dans un communiqué publié mardi 26 avril 2011, il souligne que « le débat sur le CV anonyme a fait évoluer les mentalités et a recentré les critères de sélection sur les compétences », ce pour quoi milite l'association. Mais, selon lui, il est indispensable de lancer « une étude d'envergure sur les pratiques discriminatoires ».
« IMS-Entreprendre pour la Cité soutient la non-généralisation du CV anonyme, parce que ce n'est pas le seul outil de lutte contre les discriminations à l'embauche », mais reste convaincue que « le CV anonyme reste un outil efficace », explique l'association dans un communiqué publié jeudi 21 avril 2011. L'organisme s'étonne de certains résultats du rapport d'évaluation publié par le Crest au début du mois d'avril (AEF n°244150 ), qui conclut que le CV anonyme dégrade les perspectives des candidats issus de l'immigration ou résidant en zone sensible, et que le candidat de référence serait même discriminé, avec 11,9 % de chances d'avoir un entretien, contre 12,5 % pour le candidat d'origine immigrée. Selon IMS, qui évoque des résultats contraires à d'autres études réalisées auparavant, « la méthodologie utilisée par les chercheurs du Crest aurait biaisé les résultats de l'enquête ».
« Il est naïf de s'attendre à ce que le CV anonyme soit favorable ou défavorable pour les candidats. Le choix d'un recrutement peut dépendre du contenu du CV, mais aussi du profil de l'entreprise et de la politique qu'elle mène en matière de recrutement et de diversité », explique Luc Behaghel, professeur à l'École d'économie de Paris, et coauteur du rapport d'évaluation sur le CV anonyme, réalisé en collaboration avec une équipe de recherche du Crest et le Laboratoire d'action contre la pauvreté, avec le concours de Pôle emploi (1), rendu public le 31 mars 2011 (AEF n°244150 ).
« Le CV anonyme agit certes contre la tendance des recruteurs à sélectionner les candidats du même sexe ou du même âge qu'eux ; mais comme on trouve des recruteurs des deux sexes et des recruteurs plus ou moins jeunes, […] l'anonymisation du CV n'améliore pas, en moyenne, les chances des femmes ni des seniors. Surtout, le CV anonyme dégrade les perspectives des candidats issus de l'immigration ou résidant en Zus-CUCS (contrat urbain de cohésion sociale). » Telles sont les conclusions de l'évaluation du CV anonyme menée par une équipe de recherche du Crest, du Laboratoire d'action contre la pauvreté et de l'École d'économie de Paris, en collaboration avec Pôle emploi (1), rendues publiques le 31 mars 2011. En conséquence, les auteurs estiment que « la généralisation du CV anonyme ne semble pas se justifier ».
Le CV anonyme « n'a pas fait de miracles », constate Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations et professeur en sciences de gestion à l'université Paris-I, au cours d'une table ronde « Agir contre les discriminations et promouvoir la diversité dans le monde du travail », organisée par l'Unsa, le 15 décembre 2010 à Paris. D'une manière générale, les intervenants à la table ronde ont tenté de répondre à plusieurs questions : le recours au CV anonyme est-il pertinent pour lutter contre les discriminations dans les entreprises ? Quels sont les moyens pouvant potentiellement pousser ces dernières à ne plus discriminer ? Quelle est la limite entre promotion de la diversité et lutte contre les discriminations ?