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« Les conséquences négatives [des] classements et leur manque de transparence l'emportent sur les avantages qu'ils procurent, à savoir la responsabilisation des acteurs ou l'encouragement à collecter des données fiables », écrit l'EUA (Association des universités européennes) dans un rapport rendu public vendredi 17 juin 2011, dans lequel elle analyse treize palmarès internationaux d'universités (1), leurs méthodologies et leur impact. « Ce rapport montre que les principaux classements internationaux d'universités procurent une vision très simplifiée de la mission institutionnelle, de la qualité et des performances des établissements concernés, parce qu'ils se focalisent majoritairement sur des indicateurs de recherche », indique l'EUA. « L'une [des] conséquences négatives est la tendance croissante des universités à investir dans des activités qui améliorent leur position dans les 'rankings' plutôt que dans leur coeur de métier que sont l'enseignement et la formation. »
L'Ireg, observatoire international des classements et de l'excellence académique (1), annonce sur son site internet avoir mis au point les règles d'audit nécessaires à l'établissement d'un label qualité « approuvé par l'Ireg » à destination des organismes producteurs de classements. Les résultats des premiers audits seront connus à l'automne 2011. Un document décrit la procédure et les critères d'audit retenus, dans le but de « vérifier qu'un classement a été réalisé de manière professionnelle et qu'il se conforme aux bonnes pratiques, procurant aux étudiants, à leurs parents et aux employeurs une information qui leur permet de comparer des programmes d'institutions d'enseignement supérieur ». Les équipes d'audit, composées de trois à cinq « académiques indépendants », suivront les principes de Berlin adoptés lors de la conférence de l'Ireg de 2006. Les audits de l'Ireg entendent « améliorer la transparence des palmarès », « donner aux usagers des palmarès un outil pour identifier ceux qui sont dignes de confiance » et « améliorer la qualité des classements ».
« Les classements internationaux sont là et ils ne sont pas près de disparaître. » C'est la conclusion que tire Eva Egron-Polak, directrice exécutive de l'IAU (Association internationale des universités), à l'issue des débats organisés lundi 16 mai 2011, dans le cadre du forum global de l'Unesco consacré aux bons et mauvais usages des classements (AEF n°240771 ). « Il existe une série d'éléments qui ne sont pas pris en compte par les classements internationaux, comme l'impact sur le développement socio-économique », note-t-elle. Toutefois, « lorsqu'ils sont utilisés de manière judicieuse, ils peuvent servir d'outils précieux ». Ce qu'il faut, c'est « informer le public sur ce qui n'est pas pris en compte par les rankings ».
« Je ne m'attendais pas du tout à ce que les choses se passent ainsi lorsque j'ai commencé à travailler sur un palmarès des universités mondiales, ni que l'Unesco s'intéresserait un jour à ce sujet », confie à AEF Nian Cai Liu, professeur de chimie à l'université Jiao Tong de Shanghai et concepteur du palmarès mondial des universités dit « de Shanghai », mardi 17 mai 2011, en marge du forum mondial de l'Unesco consacré aux bons et mauvais usages des classements (AEF n°241245). « Beaucoup de monde utilise le palmarès que nous mettons en ligne, et qui était au départ destiné à connaître la place des universités chinoises dans le paysage mondial et à nous aider à déterminer où envoyer nos propres étudiants. Mais ce n'est pas de notre faute si les politiques en font un mauvais usage ! C'est comme l'explosif : le scientifique le conçoit, le politique décide de son usage. Or, un explosif peut servir à construire des routes comme à tuer des gens… Nous espérons vraiment que notre outil sera utilisé avec sagesse. »
« Les gouvernements devraient arrêter d'être obsédés par les classements internationaux et les universités du top 1 %, car ils risquent de transformer leurs systèmes d'enseignement supérieur et leurs institutions et de dévoyer leurs autres objectifs politiques pour se conformer à des indicateurs conçus par d'autres dans d'autres buts », estime Ellen Hazelkorn, doyenne de la « graduate research school » de l'Institut de technologie de Dublin (Irlande) et spécialiste des classements internationaux, dans sa présentation d'ouverture du forum global de l'Unesco consacré aux bons et mauvais usages des classements, lundi 16 mai 2011 (AEF n°241245 ). « Ce qui importe, c'est comment les gouvernements construisent leurs priorités en matière de main d'oeuvre qualifiée, d'équité, de croissance régionale, d'éducation des citoyens, de formation de futurs Einstein et de compétitivité globale, et comment ils les traduisent en politiques publiques. Le benchmarking devrait être utilisé pour améliorer la capacité et la qualité du système dans son ensemble, pas simplement pour récompenser quelques institutions d'élite. »
« Les palmarès internationaux ont aujourd'hui des conséquences importantes sur les politiques publiques dans de nombreux pays. Or, ils soulignent en général une seule mission des universités, la recherche, et sont basés sur des chiffres, donc ils ne sont pas multidimensionnels. Enfin, ils sont anglophones et ne prennent pas en compte les autres langues. Quelles sont les alternatives ? Pourquoi ont-ils pris cette importance dans le monde entier ? C'est pour répondre à ces questions que l'Unesco organise un forum mondial sur les classements », indique Stamenka Uvalic-Trumbic, chef de section à la division pour l'enseignement supérieur de l'Unesco, mardi 10 mai 2011. Le forum mondial, intitulé « classements et responsabilisation dans l'enseignement supérieur : bons et mauvais usages » et organisé conjointement avec l'OCDE et la Banque mondiale, aura lieu les 16 et 17 mai au siège de l'Unesco à Paris.
« L'intérêt des étudiants pour les classements internationaux est une question nationale et non régionale, liée à la culture du pays et aux types d'études auxquels se destinent les étudiants ». C'est le constat dressé par CampusFrance dans une note à paraître au mois d'avril 2011, qui a pour objectif de « dresser un état des lieux et de montrer l'évolution de ces classements, mais aussi de mesurer leur audience, en particulier auprès des étudiants étrangers ». S'il « semble certain que ces classements internationaux influent sur la politique nationale de la France en matière d'enseignement supérieur », les jeunes étrangers se montrent « parfois plus intéressés par des classements nationaux dans la filière choisie ».