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Prendre en compte en temps réel les problèmes personnels ou familiaux des policiers, mettre en place une « écoute nationale permanente » ou encore réaliser un « bilan annuel ». Telles sont les principales propositions de Marc Louboutin, journaliste et auteur de « Métier de chien » (1) et « Flic, c'est pas du cinoche » (2), et de Bénédicte Desforges, auteure de « Flic, chroniques de la police ordinaire » (3) et « Police mon amour » (4), pour prévenir le suicide dans la police, rendues publiques dans une note du 24 septembre 2011. « Depuis des années, l'un comme l'autre, lors de nos carrières respectives de policiers puis au cours de nos activités d'auteurs de livres spécialisés sur la police, nous n'avons eu de cesse de nous préoccuper de manière active du phénomène des nombreux suicides dans l'institution policière », justifient les deux auteurs, anciens policiers nationaux. « Nous avons tous les deux écrit de nombreux articles et participé à de multiples interviews pour alerter publiquement sur ces décès dont la moyenne reste désespérément stable (entre 45 et 50 par an) malgré la mise en place, après le pic de l'année 1996, du SSPO (service de soutien psychologique opérationnel). »
Comment les « professionnels de soutien », chargés de l'accompagnement médical, psychologique et social des policiers, peuvent-ils partager leurs informations afin de mieux prévenir le risque de suicide ? C'est la question sur laquelle ont planché quelque 70 personnes - psychologues de la police et de la gendarmerie, médecins, inspecteurs santé et sécurité au travail, assistantes sociales et juristes - lors d'un séminaire organisé par la DRCPN, jeudi 8 septembre 2011 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Cette initiative intervient après la remise, en juin 2010, d'une enquête scientifique de l'Inserm sur le risque de suicide chez les policiers et la tenue d'un comité central d'hygiène et de la sécurité extraordinaire consacré à cette question (AEF Sécurité globale n°257456).
« On assiste depuis quelques mois à une montée du mal-être dans la police nationale dont les personnels, souvent dévoués au-delà du raisonnable, ne parviennent plus ni à supporter les injustes critiques ni à s'adapter à des réformes qui se succèdent à un rythme effréné », écrit le SCPN (Syndicat des commissaires de la police nationale), mercredi 6 juillet 2011. Il fait notamment référence à la réforme de la garde à vue, ainsi qu'aux suicides récents de deux fonctionnaires de police. L'une était en poste à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ; l'autre était affectée à la DDSP de Toulouse. Des enquêtes ont été ouvertes par l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) sur ces deux affaires survenues respectivement lundi 4 juillet 2011 et mercredi 6 juillet 2011.
Le risque de suicide dans la police est supérieur de 36 % à celui du reste de la population sur la période 2005-2009, surtout du fait de la « sur-suicidalité » des jeunes policiers (les moins de 36 ans). C'est ce qu'indique une étude sur la prévention du suicide dans la police, réalisée par une équipe de chercheurs de l'Inserm pour le compte du ministère de l'Intérieur. Selon ce document, daté de juin 2010 et dont AEF Sécurité globale s'est procuré un exemplaire, « les métiers de la police engendrent un stress particulièrement intense, aggravé par une vision de la profession perçue comme négative de la part du public ». De plus, « la qualité des actions de prévention et de prise en charge souffre d'un manque de communication et de coordination entre les services concernés : hiérarchie, services sociaux, partenaires sociaux, psychologues, médecins de contrôle et médecins de prévention ».
« Depuis plusieurs années, ce sont 40 à 55 suicides qui, chaque année, endeuillent la police nationale », affirme Alliance police nationale, mardi 5 octobre 2010. Le syndicat réagit à l'annonce du suicide d'un policier de la brigade des stupéfiants à Paris, lundi 4 octobre, et de celui d'une femme gardien de la paix dans un commissariat de Montpellier, mercredi 5 octobre. « Ces actes de désespoir sont, chaque année, toujours aussi nombreux. La France détient une bien triste troisième place dans le monde occidental pour les taux de suicide des policiers », indique Alliance. « Bien que la police nationale se soit doté d'un service de soutien psychologique opérationnel efficace, le manque de moyens, notamment humains, se fait durement sentir », note le syndicat, qui estime qu'il est « maintenant temps d'anticiper et d'agir préventivement par l'aide et l'assistance vers ceux qui sont potentiellement les plus exposés ».