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« Le déploiement des Moocs vient conforter, plus que concurrencer, le business model des grandes écoles de management, dans lequel la création de valeur ne se limite pas à la transmission des connaissances », écrivent Stéphan Bourcieu, directeur général du groupe ESC Dijon-Bourgogne, et Olivier Léon, directeur adjoint, dans un article intitulé « Les Moocs, alliés ou concurrents des business schools » paru dans « L'Expansion management review » de juin 2013 (1). « Paradoxalement, cette approche pédagogique est même susceptible d'améliorer la qualité des connaissances transmises aux étudiants, mais aussi la demande de services complémentaires d'accompagnement. » Les deux auteurs concluent que si les cours en ligne ne concurrencent pas directement les business schools, ils « peuvent se révéler être un produit de substitution redoutable aux traditionnels manuels ».
« Pour certains, les Moocs (1) représentent un tsunami et aucune institution n'y survivra, je n'y crois pas car ils sont essentiellement centrés sur la transmission de connaissances qui n'est qu'un des éléments de la chaîne de valeur d'une école supérieure », estime Olivier Léon, directeur adjoint du groupe ESC Dijon-Bourgogne, lors d'un colloque organisé par le Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie, le 18 juin 2013 au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) à Paris. Un débat contradictoire était proposé entre Olivier Léon et Philippe Silberzahn, professeur à l'EM Lyon business school, ce dernier se disant « absolument convaincu » que les Moocs sont « un danger pour les écoles », mais aussi que « ce n'est pas grave ».
« D'une façon générale, les écoles de commerce françaises sont à la traîne par rapport aux attentes de leur population coeur de cible : elles n'ont pas tout compris à ce qui est en train de se passer sur internet. Celui-ci provoque un changement de paradigme qui pourrait bouleverser la hiérarchie des écoles aux yeux des générations Y et C. » C'est la conclusion à laquelle aboutit Philippe Mauchamp, président du Groupe 361, une agence de communication spécialisée dans le management des actifs de marque, qui publie, mardi 23 avril 2013, son premier « baromètre d'e-réputation et d'influence en ligne des ESC françaises ». Celui-ci se traduit par cinq « indices » qui, une fois agrégés, donnent lieu à un « classement général » des 56 écoles de commerce prises en compte. Au global, « les grands gagnants de cette étude sont Bordeaux école de management, Skema business school, Reims management school et dans une moindre mesure, Toulouse business school », indique Philippe Mauchamp, tandis que « Rouen business school, Audencia et Euromed management en sont les grands perdants ».
« Les établissements d'enseignement supérieur de gestion sont à un carrefour : certains connaissent déjà des crises graves (déficits colossaux, postes non pourvus, etc). Il leur faut aujourd'hui réinventer leurs fondamentaux, après une période d'homogénéisation qui a eu des effets pervers. Les normes véhiculées par les accréditations et les classements convergent en effet implicitement vers le modèle de Harvard, qui n'est pas tenable. » C'est ce que constate Jacques Thévenot, professeur à l'ICN business school, au terme d'une étude qu'il a menée pour le compte de la Fnege avec Anne-Laure Boncori, professeur assistant à l'Inseec, et intitulée : « Les institutions d'enseignement supérieur de gestion et leur corps professoral ». Présentée le 19 mars 2013, cette étude, longue d'une centaine de pages, analyse les rapports qu'entretiennent, en France mais aussi en Allemagne et au Québec, les corps professoraux et les établissements de gestion, pour « identifier les possibles causes historiques et les mécanismes à l'origine des tensions actuelles ». « Sur fond de crispations identitaires, de perte de sens et de tensions sur les ressources, tout semble pousser le système vers une impasse », écrivent en effet les auteurs en introduction. La dernière partie de l'étude propose « un certain nombre de pistes de réflexion et de préconisations à destination de l'ensemble des acteurs, parmi lesquels figurent au premier plan les responsables d'établissement ».
« Pendant combien de temps encore, les étudiants et surtout leurs parents, vont accepter de payer de plus en plus cher pour des enseignants qu'ils ne verront sans doute jamais, parce qu'ils sont embauchés à produire de la recherche, avec pour conséquence leur remplacement par des écrans d'ordinateurs dans le cadre de cours en e-learning, une solution à laquelle les écoles recourent de plus en plus ? » C'est l'une des interrogations que soulève Denis Lapert, directeur de Télécom École de management, dans une libre opinion sur les classements d'écoles de commerce, transmise à la presse le 23 novembre 2012. Dans ce texte, Denis Lapert dénonce « l'approche quantitative » des palmarès, dont la logique « pousse les établissements à une course effrénée (parfois incontrôlée) vers la taille critique, un phénomène conforté par la logique des accréditations internationales ». Il examine ensuite les raisons qui peuvent justifier les fusions d'écoles, ces « tentatives de regroupements parfois surprenantes, dont on ne peut pas vraiment dire que la complémentarité, la proximité géographique, ou l'orientation métier-secteur des étudiants, en soient les lignes directrices ».
« L'explication principale à l'inflation des coûts dans les écoles de management se trouve dans la course aux rankings et aux accréditations, à travers les publications étoilées et le développement du corps enseignant », déclare Thomas Durand, directeur du département « management, innovation, prospective » du Cnam. Il s'exprime en introduction du colloque organisé par AEF le 15 juin 2012 à Paris, qui s'intitule « Le modèle de financement et de gouvernance des écoles de management françaises est-il durable ? » (AEF n°213054) (1). « Nous ne sommes pas dans une crise du secteur, mais dans une situation où le modèle économique est en tension en raison des règles du jeu que nous avons choisies. Il faut s'intéresser à l'amont du problème plutôt que seulement traiter les symptômes », affirme-t-il. Thomas Durand reconnaît toutefois qu'il peut sembler paradoxal de parler de « crise » dans ce domaine, alors que le marché s'est « extraordinairement développé » et que « la demande internationale est très forte ».